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Source: Sud ouest
Tétraplégique à la suite d’un plaquage, en janvier, Jean-Paul Taipunu attend que lui soit versée la cagnotte ouverte par son club. Le président refuse, pour l’instant, de la lui remettre
Dimanche 12 janvier 2020. Le ciel est gris au-dessus du terrain sur lequel l’équipe réserve du Rugby Club du Pays de Roquefort (RCPR) affronte celle de Sainte-Livrade. Dix minutes avant le coup de sifflet final, Jean-Paul Taipunu, 32 ans, s’effondre.
« Je me vois en train de faire le plaquage. Après cela, tout est allé trop vite. Je tombe par terre. J’ai beaucoup d’électricité dans tout le corps. Je suis conscient, mais je ne peux plus bouger. Tout le monde se précipite pour poser un manteau sur moi. Ma femme est là. Je pense à mon travail, à ma famille. »
Le joueur, qui porte les couleurs du club de Roquefort depuis 2015, est héliporté au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Pellegrin, à Bordeaux.
Après une semaine de coma artificiel et plusieurs opérations, le père de famille ouvre les yeux. Son corps ne lui répond plus. Ses vertèbres 5 et 6 sont fracturées, sa moelle épinière est compressée. Tétraplégique, il reste un mois de douze jours en réanimation, avant d’être envoyé en rééducation à La Tour de Gassie, à Bruges, près de Bordeaux.
« J’ai le moral à zéro, précise-t-il, le souffle court. Physiquement, je n’ai rien récupéré du tout. Les médecins refusent de se prononcer. J’arrive juste à maîtriser un peu mon bras gauche. » Les journées sont longues, sans visite à cause du confinement. Jean-Paul Taipunu cogite. « Je tiens avant tout à remercier mon club de Roquefort, qui a fait beaucoup pour moi et ma famille. » Dès le premier jour, l’équipe dirigeante se relaie pour accompagner sa femme enceinte et leurs enfants à son chevet. Serge Berdet, le président du RCPR, met en ligne une cagnotte solidaire en « soutien à Jean-Paul et sa famille ». Inconnus, coéquipiers et clubs sportifs participent. Au total, 129 personnes.
15 000 ou 16 000 euros réunis.
« Aujourd’hui, j’aimerai remercier tous ces gens, savoir combien il y a sur la cagnotte et pouvoir récupérer les fonds, mais le président refuse », regrette cet homme originaire de Polynésie Française qui, aujourd’hui, ne peut même plus bouger le petit doigt.
« Cela fait plus de trois mois que l’accident a eu lieu. Il vient d’être papa de son premier fils, fin mars. Sa compagne ne travaille pas pour s’occuper du nourrisson et lui est cloué sur son lit d’hôpital, appuie Me Katy Mira, son avocate. Le président se défend : « On a organisé les déplacements, payé les hôtels et on a même fait le rôle de l’assistante sociale.
Mais, quand il est arrivé à la Tour Glaissie, il voulait qu’on paye 20 euros pour avoir la télévision. On a refusé et depuis, la relation s’est dégradée. Il a touché 10 000 euros de la Fondation Ferrasse (1), c’est fait pour. »
« Jean-Paul m’a demandé de verser la somme sur son compte, reconnaît Serge Berdet. C’est hors de question. La cagnotte, qui représente entre 15 000 et 16 000 euros est organisée par nous, gérée par nous et dépensée par nous, pour ces frais au quotidien. Les donateurs, notemment les clubs de rugby, veulent savoir où passe l’argent. Cela me semble un minimum donc, maintenant, on ne paiera que sur justificatif. » Don ou subvention, la limite semble mince pour le président.
« L’argent n’est pas dans mes poches, tout est transparent, il y a un compte avec les entrées et les dépenses engagées par le club. » Serge Berdet.
Nicolas Raucoule, co-président du Rugby Club Nord Landes, confirme : « Nous avons réuni près de 1000 euros. Je fais entièrement confiance aux dirigeants de Roquefort pour que notre don aille à qui de droit en temps voulu. On a fait ce geste par solidarité pure sans avoir besoin de faire un suivi.
« Devoir Moral »
Me Katy Mira est perplexe : « Je pense que le président du club mélange tout : les fonds de la Fondation Ferrasse et la cagnotte solidaire. Les 10 000 euro ont été mis sur le compte des enfants de mon client, car il ne sait pas ce qui va advenir. S’il lui arrive quoique ce soit, au moins, ils auront ça pour eux. »
Le président parle, lui, plutôt d’un devoir moral, d’un geste humanitaire. Je ne veux pas donner l’argent et que lui, ou surtout sa compagne, le dépense inutilement puis qu’à la fin Jean-Paul se retrouve sans rien. C’est ma grande inquiétude. Je me suis renseigné auprès de la Fondation Ferrasse. Elle me dit de faire attention car, sur les 72 dossiers qu’elle a pu traiter, des amis ou même des proches parents ont pillé l’argent touché par le joueur blessé. »
Serge Berdet s’indigne : « Il y a quelques semaines, on était les plus beaux, les plus forts et là, c’est tout juste si on est pas traité de voleurs. Clairement, on en a trop fait, mais le pire est qu’aujourd’hui, on nous demande des comptes, Je rêve. »
« Le refus catégorique du président du club questionne énormément. Combien y-a-t-il précisément sur la cagnotte ? Qui a donné ? Où est l’argent ? »
Me Katy Mia
Pour l’instant, même si les deux parties menacent, aucune action en justice n’est intentée. Il est crucial de déterminer si la cagnotte solidaire revient entièrement à Jean-Paul Taipunu ou au club pour payer les frais engagés. Serge Berdet conclut : « Je veux l’analyse de mon avocat. Pour l’instant, j’attend ».
Pendant ce temps là, Jean-Paul Taipunu attend aussi, paralysé sur son lit.
(1) Placée sous l’égide de la Fédération française de rugby, la Fondation Ferrasse vient en aide financièrement aux joueurs de rugby blessés lors d’un match.
FA’AITOITO JEAN-PAUL ! NOUS SOMMES DE TOUT COEUR AVEC TOI ! COURAGE À TA PETITE FAMILLE !
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